Pépite
Les mots tus ne deviennent pas maudits,
Ou conte à rêver debout.
En maîtresse du jeu,
La vie choisit une pépite,
La seule qui survivra,
Nichée au fond de soi,
Dans un repli ténu
Que l'on ressent à peine.
Souvent on la perçoit
Mais l'éclat ne dure pas,
Mise en pleine lumière
Elle n'existerait pas.
Pépite, tendre pépite,
Couleur de givre,
A peine un poids,
Elle tient chaud
Et donne froid.
Parfois elle brûle,
Hurlant en soi.
Elle se fait oublier
Dans la course des jours,
L'instant d'une autre chose
Ou le temps de la vie,
Le regard vers dehors,
En dedans elle est là.
Elle veille,
Afin de ne pas mourir,
Lueur interne et fictive à la fois,
Cachée au fond d'un creux de soi.
Un inextricable tissage,
Trame de rêve et de réalité,
Les fils ténus des souvenirs passés
Croisant les fils ténus des fantasmes créés,
Forme un léger voile enrobant la pépite,
Lui donne consistance
Comme un aveu d'absence,
Et subtile présence
Sans le poids d'une sentence.
Une trame faite de rêve et de réalité
Devient le lit secret de l' infime pépite,
Le cœur est trop fragile
Pour en subir l'éclat,
Le corps trop délicat
Pour n'être que mépris.
Une trame faite de rêves et de réalité
Permet à la pépite de ne pas m'étouffer.
Un jour elle naquit,
Et en moi s'installa.
La glace vira au rouge
Qui lui-même devint froid,
La griffure éclata
Et en bulles s'irisa,
Ces portes dérobées,
Permirent un autre moi.
La vie, maitresse du jeu,
Ne laissa qu'une pépite,
Et de ses folles teintes
Elle m'éclaboussa,
Les mots qu'on dit
Racontent ceux qu'on tait.
L'indicible d'une pépite.
Pascale Debelloir-Forgerit